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Décryptage

Mort de Michel Blanc : l’acteur a été victime d’un choc anaphylactique, une grave réaction allergique, selon son entourage

Le comédien, mort dans la nuit de jeudi à vendredi 4 octobre, a été victime, selon son entourage, d’une réaction allergique grave liée à l’injection d’un «produit de contraste» utilisé lors de certains examens médicaux.
Le comédien, mort dans la nuit de jeudi à vendredi 4 octobre, a été victime, selon son entourage, d’une réaction allergique grave liée à l’injection d’un «produit de contraste» utilisé lors de certains examens médicaux. Ici, dans Tenue de soirée, 1986, avec Gérard Depardieu (GEORGE PIERRE/COLLECTION CHRISTOPHEL)
publié le 4 octobre 2024 à 18h29
(mis à jour le 4 octobre 2024 à 18h33)

Un malheureux accident ? L’acteur français Michel Blanc, pilier de la troupe du Splendid, est mort brutalement d’un malaise cardiaque ce vendredi 4 octobre à l’âge de 72 ans. Selon son entourage, le comédien aurait été victime d’un choc anaphylactique, la forme la plus grave de la réaction allergique. Selon les premiers éléments, c’est un produit de contraste utilisé lors d’un examen médical qui aurait déclenché cette réaction allergique très brutale, provoquant un œdème de Quincke et finalement, un arrêt cardiaque. Libération vous explique ce qu’il y a à savoir sur cet accident rarissime.

Qu’est-ce qu’un produit de contraste ?

Lors d’un examen radiologique et d’une IRM, il n’est pas rare de se voir administrer un produit de contraste. Cette substance médicale, la plus souvent injectée en intraveineuse, permet aux médecins de mettre en évidence (de contraster) les organes, les veines, ou les potentielles tumeurs au sein d’un tissu sain. «Cela permet de mieux voir sur les radios», résume à Libération le docteur Nhân Pham Thi, allergologue à l’hôpital Necker à Paris. Impossible de savoir si l’on est allergique avant de réaliser sa première injection, mais le médecin se veut rassurant : «la première fois, le risque de faire un choc anaphylactique est très faible, quasiment nul». La réaction allergique sera dans l’immense majorité des cas assez banale.

Qu’est-ce qu’un choc anaphylactique ?

Un choc anaphylactique est la forme la plus sévère de l’anaphylaxie, elle-même manifestation la plus sévère de l’allergie. Sa gravité réside dans le fait qu’il peut être mortel. Elle peut se manifester par un œdème du visage ou un œdème de Quincke, des difficultés respiratoires voire une perte de connaissance.

Dans 60 % des cas, cette réaction spectaculaire survient à cause d’une allergie à un aliment. D’après l’Inserm, les allergènes alimentaires les plus fréquemment impliqués dans le choc anaphylactique sont le lait, les crustacés et poissons ou encore les fruits à coque. Mais cela peut également survenir, dans 16 % des cas, à cause du venin des abeilles, guêpes et autres frelons. Enfin, les médicaments : «les anti-inflammatoires, aspirines, les bêta-bloquants, les antibiotiques et les produits anesthésiques sont le plus souvent impliqués», écrit l’organisme de recherche sur son site. Il est donc plus fréquent de faire un choc anaphylactique après avoir mangé des arachides ou s’être fait piquer par un hyménoptère. «Faire un choc anaphylactique à cause d’un produit de contraste, c’est très rare», explique à Libération le docteur Nhân Pham Thi.

D’après une étude européenne, 0,3 % de la population souffrira d’anaphylaxie à un moment donné de sa vie. En revanche, le risque de mortalité par choc anaphylactique n’a jamais été réellement évalué. Il n’est pas considéré comme une cause de la mort dans les certificats de décès. Selon des études, en Europe, les cas varient de 1 à 5 par million d’habitants. Aucun chiffre officiel n’est disponible en France, mais les experts estiment ce type de décès à une cinquantaine par an.

Que faire en cas d’une telle réaction allergique ?

Le choc anaphylactique n’est pas nécessairement fatal. Il peut être contenu, grâce à l’injection d’adrénaline. Ce médicament de première intention se présente la plupart du temps sous la forme d’un stylo auto-injecteur. «Quelqu’un de très allergique à la cacahuète et qui a déjà fait une réaction, a souvent un stylo injecteur d’adrénaline sur lui, pour faire repartir le système vasculaire en cas de forte réaction», développe Nhân Pham Thi. Les médicaments antihistaminiques permettent également de réduire la réaction allergique.