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Disparition

Mort de Norman Jewison, cinéaste de l’optimisme

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Auteur de longs métrages en croisade contre le racisme comme «Dans la chaleur de la nuit» et de nombreuses comédies, le réalisateur canadien croyait à une humanité «faillible mais pouvant se racheter». Il est mort samedi 20 janvier à 97 ans.
Le cinéaste Norman Jewison dans les années 60. (Marka/Marka. Universal. Getty Images)
publié le 23 janvier 2024 à 14h08

«J’ai essayé de rendre ma mise en scène invisible», déclarait Norman Jewison au Houston Chronicle en 2007. Le genre de déclaration qui vous classe dans la catégorie «éclectique et solide artisan hollywoodien» et peut expliquer comment il a pu réussir deux morceaux de bravoure très importants pour les boomers, mais radicalement opposés dans le ton : la gifle que le flic Sidney Poitier administre à un notable raciste dans le solennel Dans la chaleur de la nuit (1967) et la partie d’échecs érotique entre Steve McQueen et Faye Dunaway dans le chic-toc l’Affaire Thomas Crown (1968). A l’écoute de son époque, de l’Amérique, Jewison était aussi un optimiste, bien plus que son contemporain Sidney Lumet, né à la même époque. Etait-ce dû au fait d’être canadien ?

Né à Toronto, il fait ses armes à la télé anglaise, dans son pays natal puis aux Etats-Unis. Après des comédies romantiques légères, il passe au sérieux avec le Kid de Cincinnati (1965), avec Steve McQueen en as du poker, et au vraiment au sérieux avec Dans la chaleur…, premier volet d’une trilogie en forme de croisade contre le racisme, avec A Soldier’s Story (1984) et Hurricane Carter (1999), sur le boxeur injustement emprisonné qui inspira à Bob Dylan sa chanson Hurricane. Une conscience sociale que Jewison raconte avoir acquise dans un moment rosaparksien lorsque, dans un bus dans le Tennessee ségrégationniste, il s’était assis par inadvertance à l’arri