Le terme «docufiction» est tellement dévoyé de nos jours, puisque tout est docufiction — d’un prime-time sur des dinosaures sur France 2 à Thierry Ardisson interviewant Dalida ressuscitée par l’IA dans l’Hôtel du temps. On en oublierait moins l’effet reconstitution que son vrai trouble politique, comme celui des films de Peter Watkins, pionnier du genre, décédé à l’âge de 90 ans près de Felletin, dans la Creuse, où il résidait depuis plus de vingt-cinq ans. Un cinéma du réel, ironiquement couronné par l’oscar du meilleur documentaire attribué à un film de fiction (la Bombe, en 1967), montrant un futur ou un monde alternatif si proche, comme s’il était à cinq minutes du nôtre, pour mieux faire écho au présent et pointer que l’histoire ne pouvait que se répéter. De ce film, Watkins disait, en guise de discours de la méthode, que sa «question était — où est la «réalité» ?… Dans la folie des déclarations de figures de l’establishment éclairées artificiellement et citant la doctrine du jour, ou dans la folie des scènes de fiction réelles et recréées, qui présentaient les conséquences de leurs déclarations ?»
L’insurrection de Budapest
Punishment Park (1971), son film le plus célèbre, faux reportage avec voix off détac