«Tant que le scénariste n’a pas fait son boulot, personne n’a de boulot. En d’autres termes, je suis le trou du cul qui vous empêche de faire votre job.» Ainsi Robert Towne décrivait son métier, l’un des plus profondément ingrats de toute l’industrie du cinéma – celui qui est à l’origine de tout et dont personne ne se souvient à l’arrivée. Robert Towne en était l’une des rares figures reconnues et révérées, essentiellement grâce à ce que beaucoup considèrent depuis cinquante ans comme l’un des meilleurs scripts jamais écrits, celui du tentaculaire Chinatown, réalisé par un Roman Polanski pas encore tombé dans la disgrâce.
Devant et derrière la caméra
Né Robert Bertram Schwartz en 1934 à Los Angeles, Robert Towne a pour projet de devenir acteur et scénariste lorsqu’il intègre, à la fin des années 50, le cours de Jeff Corey, comédien figurant alors sur la liste noire d’Hollywood pour avoir, en plein maccarthysme, refusé de dénoncer ses collègues devant le Comité des activités antiaméricaines. Il y fait la connaissance d’autres débutants, parmi lesquels Harry Dean Stanton, Warren Oates et Jack Nicholson, avec lequel il va bientôt partager un appartement. Habitué à venir repérer de nouvelles têtes chez Corey, Roger Corman