Tous les jeux de mots bétonnés avaient été épuisés sur son patronyme de son vivant : oui, Michel Ciment, mort à l’âge de 85 ans, a été un pilier de la critique française de cinéma pendant au moins un demi-siècle, l’équivalent d’une vedette, devenue synonyme de la revue où il officiait (Positif) et un digne représentant d’un métier à son âge d’or – lorsque le critique érudit pouvait s’imaginer souvent à raison qu’il avait du poids face aux réalisateurs et au marketing.
Pur et incorruptible, il avait une haute idée de sa fonction de passeur, qu’il imaginait imposante et révérée comme le monolithe noir de 2001, l’Odyssée de l’espace, l’un de ses films fétiches. Il n’avait jamais été tenté par les vanités de la réalisation ou la prise des rênes d’un festival de cinéma. Dans son recueil de textes Une vie de cinéma (Flammarion, 2019), il s’affichait en croisé sûr de soi, écrivant qu’il «a fallu si nécessaire ferrailler pour affronter les modes ou défendre ce que l’on considère une juste cause».
Obsessionnel de Kubrick
Né à Paris en 1938 de parents artisans dans la couture, il fréquente assidûment les salles d’art et d’essai et ciné-clubs d’après guerre tout en étudiant l’histoire, l’anglais et la littérature. En 1963, le futur fort en thème et anathème enverra son premier texte, une défense du Procès d’Orson Welles alors vilipendé par la critique, chez Positif. Publication qu’il rejoint pour ses convictions de gauche après avoir été brièvement tenté par les «dro