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Libération
Disparition

Mort du réalisateur algérien Mohammed Lakhdar Hamina, palme d’or au festival de Cannes en 1975

Seul cinéaste arabe et africain primé à Cannes, il avait accédé à la renommée internationale avec «Chronique des années de braise», récit en six tableaux de la décolonisation.
Le réalisateur algérien Mohammed Lakhdar-Hamina à son domicile à Hydra, dans la capitale Alger, le 11 février 2017. (Photo/AFP)
publié le 24 mai 2025 à 10h39

La mort d’un parcours unique. Le réalisateur et producteur algérien, Mohammed Lakhdar Hamina, seul cinéaste arabe et africain couronné à Cannes, est mort ce vendredi à son domicile d’Alger, à l’âge de 95 ans, a annoncé sa famille.

Il laisse «derrière lui un héritage cinématographique inestimable», ont écrit ses enfants dans un communiqué, où ils saluent «sa vision unique qui a marqué l’histoire du cinéma» et le décrivent en bâtisseur d’un «véritable pont culturel entre le Sud et l’Occident, devenant ainsi la voix du tiers-monde et de son pays pendant près de quarante ans».

L’hommage du festival de Cannes

Il est l’un des rares réalisateurs africains et arabes à avoir concouru quatre fois au Festival de Cannes, remportant deux distinctions majeures, le prix de la première œuvre pour le Vent des Aurès et la prestigieuse Palme d’Or pour Chronique des années de braise en 1975. Il était le doyen des lauréats de la Palme d’Or encore en vie. Le festival de Cannes 2025, qui dévoile son palmarès ce samedi, lui avait d’ailleurs rendu hommage en projetant une version 4K du film à l’occasion du programme «Cannes Classic».

Dans un message de condoléances, le président algérien Albdelmajid Tebboune a exprimé sa «profonde tristesse et douleur» après la mort de ce «géant du cinéma mondial». Selon Abdelmajid Tebboune, Chronique des années de braise avait permis d’ouvrir «les yeux du monde sur une partie des souffrances du peuple algérien pendant la période coloniale».

La lutte pour l’indépendance de l’Algérie était au cœur de cette grande fresque historique qui raconte en six tableaux, de 1939 à 1954, la naissance d’une nation avec le cheminement du peuple algérien jusqu’à l’embrasement contre la colonisation française et la guerre d’indépendance (1954-1962).

«Un moudjahid digne»

«Avant d’être un réalisateur créatif mondial ayant laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du cinéma mondial, c‘était un moudjahid (combattant) digne, ayant contribué à la libération de son pays à travers des images et des scènes qui ont fait connaître à l’humanité les héroïsmes de la glorieuse révolution de libération», a Abdelmajid Tebboune.

Né le 26 février 1934 à M‘sila dans l’Aurès (nord-est), Mohammed Lakhdar Hamina était le fils de modestes paysans des hauts plateaux. Après une école d’agriculture, il avait étudié en France à Antibes où il avait rencontré son épouse, mère de leurs quatre fils. Pendant la guerre d’Algérie, son père avait été enlevé, torturé et tué par l’armée française. Lui-même appelé en 1958, il avait rejoint à Tunis la résistance algérienne.

Il avait appris le cinéma sur le tas, à travers un stage aux actualités tunisiennes avant de se lancer dans de premiers courts-métrages. Sa carrière de réalisateur, entamée en 1964 avec le documentaire Mais un jour de novembre et achevée avec le Crépuscule des ombres, comprend sept films et un documentaire.