Le réalisateur et scénariste Jean-Charles Tacchella est décédé jeudi 29 août «dans son sommeil», à son domicile de Versailles, à l’âge de 98 ans, a annoncé sa famille ce vendredi 30 août. Auteur de 11 longs-métrages, il avait obtenu une nomination aux oscars pour son film le plus connu, Cousin, cousine, une comédie de mœurs réalisée en 1975. Il avait aussi obtenu pour ce film le prix Louis-Delluc et trois autres nominations aux césars 1976.
Il avait également été président de la Cinémathèque française à partir de 2000, notamment lors de son déménagement du palais de Chaillot à la Maison du cinéma, à Bercy. Il en avait finalement démissionné en 2003 dans un coup d’éclat, alors que le ministère de la Culture et le CNC réclamaient de placer un nouveau directeur de l’établissement. Un «coup d’Etat […] attendu», écrivait Libé à l’époque.
La ministre de la Culture démissionnaire, Rachida Dati, a salué la mémoire «de ce grand cinéphile, à la fois journaliste, critique, scénariste et réalisateur, et sa contribution au cinéma français d’après-guerre».
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— Jean-François Guyot (@JFGuyot) August 30, 2024
Auteur de nombreux scénarios, il a rédigé pour Gérard Oury la première version de La Grande Vadrouille. Il a aussi écrit des pièces de théâtre et travaillé pour la télévision, participant à l’écriture de la série Vive la vie et à des épisodes de la série Chez Maupassant. Il considérait que son travail était «en marge des vagues et des modes» et qu’il «mêlait le rire et l’émotion» : «je ne peux pas concevoir qu’en faisant un film noir, un jour, je ne puisse pas y mettre de l’humour».
Personnages attachants et féroces
Sa carrière a débuté avec un court-métrage, Les derniers hivers, qui a obtenu le prix Jean-Vigo 71. Ce n’est qu’en 1973, à près de 50 ans, qu’il bouclait son premier long-métrage, Voyage en Grande Tartarie avec Jean-Luc Bideau. Amateur d’histoires impliquant une profusion de personnages, Tacchella filmait des personnages attachants mais capables de férocité, dont les liens se font et se défont au gré des infidélités et des coups de foudre.
En témoigne son film le plus connu, Cousin, cousine, tourbillon de sentiments rythmé par les anniversaires, mariages et enterrements. Cette histoire d’un trouble entre une jeune femme et son cousin qui va désorganiser la famille a été nominée aux oscars 1977 dans les catégories meilleur film étranger, scénario et actrice (Marie-Christine Barrault). Il a fait l’objet d’un remake (Cousins) par Joel Schumacher en 1989.
Le Pays bleu (1977, avec Brigitte Fossey), Il y a longtemps que je t’aime (1979, avec Jean Carmet) ou Croque la vie (1981, avec Carole Laure et Bernard Giraudeau) relèvent d’une même tonalité à la fois joviale et ironique. Escalier C (1985, avec Robin Renucci et Jean-Pierre Bacri) est aussi un de ses films marquants, entre cinéma populaire et cinéma d’auteur. Deux fois nominé aux césars, le long-métrage relate la vie d’un immeuble parisien où plusieurs histoires d’amour ou de mépris s’entrecroisent.