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Libération
Rétrospective

«My name is Orson Welles» à la Cinémathèque : dans la tête d’un Gargantua du cinéma

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L’œuvre démesurée du père de «Citizen Kane» se retrouve à Paris dans une exposition et une rétrospective. Un voyage érudit et enfantin dans l’esprit d’un génie souvent incompris et malmené par les studios.

Orson Welles incarnant Charles Foster Kane dans «Citizen Kane» en 1941. (Donaldson Collection/Getty Images)
Publié le 11/10/2025 à 9h27

Entrez, entrez à la cinémathèque ! Voici le fantôme d’Orson Welles, nomade et saltimbanque mort il y a quarante ans. Regardez-le marcher dans les rues des villes avec ses costumes de scène, ses accessoires, sa grosse valise, sa table de montage, sa grosse caisse, ses faux nez, ses kilomètres de scripts et de pellicules, ses cigares, ses regards et ses chapeaux. Regardez-le passer de théâtres en radios, de radios en films, de films en publicités, de publicités en photos, de photos en dessins, de pays en pays et d’images en ramages. Il veut qu’on se souvienne de lui comme d’un grand magicien, créateur et maître d’un territoire où le génie salue le ridicule, le tragique enfante le grotesque et le roi son bouffon ; où l’on vit dans «la suspension de l’incrédulité», expression du poète Coleridge qu’il reprend de sa voix profonde, le genre Shakespeare, qu’il mit en scène comme personne, au cinéma, au théâtre avant tout. Ce territoire ludique, cruel et légendaire, dit-il en 1975 au parterre hollywoodien qui lui remet un prix d’exception pour sa contribution à l’histoire du cinéma, n’est jamais qu’une «bonne vieille épicerie de quartier». Certains s’étonnent alors du fait qu’on célèbre «l’auteur d’un seul film», Citizen Kane (1940) ; le reste étant fait d’œuvres mutilées par les producteurs, bâties le soir en bouts de chandelles, inachevées ou fantômes.

C’est que si l’univers est sans limites, le cinéma en a beaucoup. Orson Welles ne les supportait