C’est à peu de chose près l’antithèse d’Elvis, le biopic pailleté de Baz Luhrmann sur le King. Pas d’effets de manches, de montage échevelé, de grand huit à vous coller le tournis, de barnum saturé de couleurs criardes, de manager carnassier et de descente aux enfers dans Nashville Lady de Michael Apted. Pas de dramatisation excessive, non plus, mais le choix d’une approche réaliste et d’une certaine sobriété, sans affèterie ni surplomb. Et pourtant Loretta Lynn, dont il retrace le parcours précoce et mouvementé, est aussi une reine, une star adulée de la country, au point d’avoir un musée tout à sa gloire dans le Tennessee. Pas sûr qu’on en prenne vraiment la mesure dans nos contrées où cette musique demeure le plus souvent une curiosité folklorique prisée de quelques aficionados, alors qu’aux Etats-Unis, elle fait office de religion – ce que confirmera le succès phénoménal du film lors de sa sortie outre-Atlantique en 1980, alors qu’en France, il passa quasi inaperçu, malgré l’interprétation géniale et subtile de Sissy Spacek, qui pour le rôle avait reçu une avalanche de prix (oscar, Golden Globe, Bafta).
Peinture d’une Amérique profonde
Il faut dire qu’elle ne s’était pas contentée de prêter ses traits juvéniles à la chanteuse qu’elle incarnait sans outrance