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«N’attendez pas trop de la fin du monde» de Radu Jude, au péril des merveilles

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Mêlant les genres et dynamitant l’image, entre TikTok et Lewis Carroll, le cinéaste roumain fait jaillir une héroïne prolétaire de l’audiovisuel traversant à toute allure la violence du monde.
Angela (Ilinca Manolache) a un avatar numérique sur TikTok. (0/Meteor Films)
publié le 26 septembre 2023 à 19h15

Si le long-métrage Babardeala cu bucluc sau porno balamuc (Bad Luck Banging Or Loony Porn), en 2021, ovni furax, était en partie identifiable comme un «film d’époque» – c’était la nôtre, ready-made comique et grinçant, entre pandémie de Covid et de complotisme et moralisme misogyne fascisant, lisibles à même la matérialité explosée de la ville, Bucarest année 2020 2.0 –, le nouveau film du cinéaste roumain Radu Jude l’est sans doute aussi à son tour, tant il se déroule à la pointe catastrophique de nos jours reconnaissables entre mille.

Attentat contre la représentation

Il travaille pourtant bien d’autres genres, au point de tous les faire vriller avec lui. N’attendez pas trop de la fin du monde est-il un road-movie ? Pas seulement, bien qu’il ait lieu pour une grande part dans une voiture, celle d’Angela (Ilinca Manolache), lancée toujours en retard dans les rues encombrées des quatre coins de la capitale roumaine, chauffards s’époumonant d’insultes et tendant les doigts, qui nous fait sillonner la ville de districts chics en quartiers pauvres, allant de dérives en rencontres. Est-il donc un film d’aventures ? Sans doute pas, même s’il fait semblant de détourner Alice au pays des merveilles en Angela sur la planète des horreurs, lorgnant plutôt Don Quichotte pour le douzième degré romantique, postmoderne, de fi