Entre drame historique et survival, Ni chaînes ni maîtres ambitionne un grand film populaire sur la question de l’esclavagisme, jusqu’ici pré carré du cinéma américain. Avec son casting mêlant stars (Benoît Magimel, Camille Cottin) et jeunes premiers (Vassili Schneider, Félix Lefebvre) et son budget conséquent (près de 8 millions d’euros), le film tend presque un miroir aux récentes adaptations mastodontes du patrimoine littéraire français, tentant de s’attaquer, cette fois avec rigueur plutôt que sous l’angle de la fantaisie romanesque, à l’histoire du pays et ses zones d’ombre.
Magimel en tyran mielleux
Simon Moutaïrou se place en 1759, au cœur d’une plantation située sur l’«isle de France» – aujourd’hui île Maurice. Le cadre resserré de la canneraie permet d’emblée au cinéaste de brosser une série de portraits représentatifs des différents rouages de la machine esclavagiste, du gouverneur de l’île aux esclaves en passant par Larcenet (Magimel), propriétaire de la plantation, et Massamba (Ibrahima Mbaye Tchie), personnage principal du film, «employé» comme contremaître pour veiller au bon travail de ses confrères. Surnommé «Cicéron» par ses maîtres à qui il sert d’interprète, ce dernier subit le mépris des deux partis, à la fois raillé par ses camarades qui le considèrent comme un traître et manipulé à sa convenance par Larcenet. L’apparition d