Nicolas Maury, acteur, réalisateur de Garçon chiffon (2020), et président du jury de la Queer Palm 2021.
Comment ça va ?
Ecoute, ça va très bien, après tout. Et toi ?
T’étais où pendant tout ce temps ?
Dans ma grotte du Xe arrondissement, à Paris.
Qu’est-ce que tu fais là ?
Je vais monter les marches pour mon film, qui a été sélectionné l’année dernière mais pas montré. Et je suis président du jury de la Queer Palm.
Ça veut dire quoi, queer ?
Queer, c’est un mot qui prône les états liquides, les états entre deux mondes, les états indécidables. C’est le devenir libertaire du monde : des audaces incarnées, des provocations amoureuses, beaucoup de désir. Et un certain penchant de l’esprit à rendre tout vibrant et plein de saveur.
T’es vacciné ?
Doublement.
T’as mal où?
Je ne sais pas si c’est le cœur ou le ventre. Mes passions amoureuses me travaillent les entrailles.
Qu’est-ce que tu prends pour tenir ?
De l’ashwagandha et du pétillant naturel. Le fameux pet’nat.
T’as pas chaud ?
Je suis dans ma chambre qui est extrêmement climatisée, effet freezer, je suis très bien.
Ah bon ? Mais t’as pas honte ?
Non ! Je ne vais pas tarder à dégouliner sur le tapis rouge, alors j’en profite un peu.
T’as pas peur ?
Si, j’ai peur. C’est très difficile de ne pas être un personnage de soi-même. C’est difficile d’apparaître sans avoir le regard inquiet ou inquiété par les autres, par l’autre.
T’en as pas marre ?
Pas en ce moment, parce que j’écris et j’essaye de composer, de négocier avec toutes les noirceurs possibles.
Tu vas voir quoi ?
Je vais voir Annette de Leos Carax. Ça a l’air d’un diamant noir, comme les eaux dormantes d’un lac. J’ai l’impression que ce sera assez définitif mais aussi flamboyant. J’ai hâte.
T’as rencard ce soir ?
Oui, avec un très bel homme.
Un message pour Mylène Farmer ?
Mylène, je t’invite à dîner le 13. J’adorerais que tu viennes, si tu n’es pas obligée d’aller voir un film.