Menu
Libération
Interview

Nicolas Philibert : «En psychiatrie, les gens sont perpétuellement en quête de sens»

Article réservé aux abonnés
Après «Sur l’Adamant» et «Averroès et Rosa Parks», le documentariste signe «la Machine à écrire et autres sources de tracas», troisième volet plus léger d’un triptyque sur la psychiatrie contemporaine. Toujours avec douceur et volonté de ne pas abuser du pouvoir que lui confère la caméra.
Nicolas Philibert. ( Michel Crotto)
publié le 16 avril 2024 à 20h03

Ces objets qui ne nous répondent pas, ce monde inanimé qui nous paraît parfois buté, et comme mal intentionné à notre égard – l’imprimante qui n’imprime plus, la machine à écrire aphone, le lecteur de CD muet. C’est en rendant compte de ces microdésastres quotidiens, lesquels, vite dit mal dit, nous rendent parfois dingues, que Nicolas Philibert a choisi de clore son triptyque consacré à la psychiatrie contemporaine, entamé avec Sur l’Adamant, ours d’or à Berlin en 2023, et poursuivi avec Averroès et Rosa Parks, récemment sorti en salles. Comme dans les deux premiers volets, la méthode est celle de l’écoute attentive et patiente, presque complice, faisant jaillir au fil des mots la vérité d’une situation, la marque d’un symptôme, et la visée encore plus transparente : celle de dévoiler notre grande proximité avec ces habitants d’un monde à la marge.

L’on y retrouve Patrice, qui, de retour chez lui, ne peut pas taper ses deux poèmes rédigés quotidiennement sur l’Adamant, ce centre d’accueil de jour situé sur une péniche, cadre du premier film, car sa machine s’est enrayée. Ou Muriel, laissée seule dans sa chambre dans un silence