Nino, dont le prénom est pourtant l’étendard du premier film de Pauline Loquès (présenté à la dernière Semaine de la critique cannoise) ne sait pas ce qui lui arrive, on dirait même qu’il s’est trompé de film, comme on se trompe sur le lieu d’un rendez-vous : l’espace d’un instant on ne comprend pas ce qu’on fait là, d’où vient la méprise, à qui la faute. En réalité, après un imbroglio administratif, l’hôpital où il vient chercher de simples résultats d’analyse lui réserve une mauvaise surprise de taille. Nino a le cancer. Comme dans une chanson de Souchon, Nino demande s’il va mourir.
A partir de là, dans l’espace du week-end qui le sépare de sa première séance de chimio, le personnage ne va cesser de prendre de l’épaisseur, lui qui au départ n’était qu’une ombre parmi la foule parisienne, un mec sans histoire, affublé d’un boulot «hyper chiant», et de potes et d’une mère comme on en a tous. Le film joue sur la corde du quotidien qui se déforme lentement sous l’influence de cette nouvelle plus grande que tout et qui reste en même temps une menace invisible, totalement abstraite («je n’ai pas de symptôme», ne cesse de répéter notre malchanceux).
Portrait de la capitale contemporaine
Très fin, bien construit sans forçage trop apparent de son scénario soigneusement tramé, Nino orc