«Ah merde, c’est Libé !» Cohue, cris d’enfants et cavalcades en arrière-plan. La nouvelle des cinq nominations aux oscars d’Anatomie d’une chute est encore effervescente et fraîche d’une dizaine de minutes quand on joint l’équipe du film, réunie dans les bureaux parisiens de la productrice Marie-Ange Luciani. Justine Triet, seule femme cinéaste nommée dans la catégorie meilleure réalisation annonce la chaîne BBC en double file, tandis que le téléphone passe de main en main. Interview à l’arrache.
Comment vivez-vous ces cinq nominations, et à quoi ont ressemblé ces derniers mois de sociabilisation américaine, dans le cadre de la campagne pour le film ?
Justine Triet : C’est la première fois que je pleure, je ne pleure jamais pour rien. Je suis hyper émue. J’ai découvert depuis fin août un monde que je ne connaissais pas. J’ai énormément voyagé, beaucoup plus aux Etats-Unis qu’ailleurs, ça représente de nombreux mois entre Los Angeles et New York. On peut réellement parler de campagne, au sens où il s’agit de faire un mélange de presse, de rencontres avec les votants, de dîners et cocktails après les projections… Je n’ai pas eu l’impression d’être le parfait petit soldat, il y en a qui en font bien plus que moi. J’ai posé des limites, ne serait-ce qu’en refusant d’aller vivre aux Etats-Unis alors qu’il m