Menu
Libération
MeToo cinéma

Nora Hamzawi se désolidarise de la sortie de «CE2» de Jacques Doillon, Alexis Manenti n’en assurera pas la promotion non plus

La comédienne a exprimé sur Instagram son mécontentement quant au maintien de la sortie le 27 mars de «CE2», nouveau film du cinéaste de 79 ans, accusé de viol par Judith Godrèche. A «Libération», l’acteur Alexis Manenti répond qu’il n’en assurera pas la promotion.
Nora Hamzawi le 17 février à la Berlinale. (Sebastian Gollnow/AP)
publié le 21 février 2024 à 16h13

«La sortie du film de Jacques Doillon dans lequel j’ai tourné il y a quatre ans est maintenue. Je ne soutiens pas cette décision qui d’après moi, représente un mépris vis-à-vis de la parole des femmes.» Ainsi s’exprime la comédienne Nora Hamzawi ce mardi soir dans une story Instagram, aussitôt partagée par Judith Godrèche. «Ce qui se passe dans le milieu du cinéma, et qui je l’espère s’étend à d’autres milieux, est essentiel et important. C’est la chose à soutenir en priorité aujourd’hui», ajoute celle qui tient l’un des rôles principaux dans CE2, le nouveau film de Jacques Doillon, en salles le 27 mars.

Visé par une plainte pour viol sur mineure déposée par Judith Godrèche, qui a dénoncé des faits datant du tournage de la Fille de 15 ans en 1987, le réalisateur de 79 ans conteste les accusations, auxquelles se sont ajoutés les témoignages des actrices Isild le Besco et Anna Mouglalis.

Un «calendrier judiciaire» impossible à suivre

La décision de maintenir la sortie de CE2, drame sur le harcèlement scolaire, a fait l’objet d’un communiqué du producteur Bruno Pesery. Evoquant une concertation «avec tous les partenaires ayant soutenu l’initiative et porté la production du film CE2, écrit et réalisé par Jacques Doillon», et faisant valoir le grand nombre de professionnels impliqués dans la fabrication de l’œuvre comme un travail collectif, le patron d’Arena Films justifie ce choix par l’impossibilité d’adapter la sortie «à un calendrier judiciaire». Et ajoute : «Il nous importe que cette décision ne soit pas accueillie comme l’expression d’une surdité ou d’une indifférence à l’égard des accusations portées à l’encontre de son auteur : elles sont graves, nous en avons pris la mesure dès la première heure.»

A l’affiche, le film réunit les acteurs Nora Hamzawi, Alexis Manenti et Doully, en plus d’une distribution d’enfants acteurs. Pensé comme une «invitation à une prise de conscience, au dialogue et à la vigilance» sur le fléau des violences à l’école, le film a été présenté en avant-première au festival du film d’Angoulême. Il évoque les souffrances d’une petite fille de CE2, harcelée par deux garçons de sa classe, et les tentatives d’une mère (Nora Hamzawi) pour alerter la hiérarchie de l’école.

Les risques d’une exploitation chahutée du film persistent et sa promotion est hautement improbable au vu des réticences du casting. A Libération, l’acteur Alexis Manenti, actuellement en tournage, écrit : «Concernant la sortie du film de Jacques Doillon, je ne vais pas assurer la promotion au vu de la gravité des accusations portées à son encontre.» Début février, Jacques Doillon était écarté de la présidence du jury du festival Viva il cinéma ! à Tours.