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Libération
Documentaire

«Notre Corps», de Claire Simon, chair et tendre

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Dans un documentaire patient et émouvant, Claire Simon faufile sa caméra à l’intérieur du service gynécologie d’un hôpital parisien. Et donne à voir et entendre un univers inouï.
Si incroyables que puissent être les images, ce sont les voix qui les recouvrent et les décryptent qui finissent par donner tout son prix au film. (Dulac Distribution)
publié le 3 octobre 2023 à 16h17

Le film de Claire Simon s’appelle Notre Corps. Est-ce donc le nôtre à tous, qui se trouve si minutieusement, presque amoureusement, regardé, près de trois heures durant ? C’est en tout cas le corps qui vous a fait naître, lecteurs : c’est peu dire qu’il vous regarde. Pourtant, jusqu’à maintenant, vous l’avez sans doute assez peu regardé, ce corps-là, en tout cas pas comme ça, avec cette attention à sa réalité, à ses désordres, à ses souffrances – sa vie, même ! –, pas figé mais mouvant, émouvant, de l’avant-naissance jusqu’à la mort.

Sept semaines durant, Claire Simon (le Bois dont les rêves sont faits, Vous ne désirez que moi…) a faufilé sa caméra dans le service gynécologie de l’hôpital Tenon, à Paris. Et l’on utilise le verbe faufiler à dessein, tant elle est une présence discrète, franche mais discrète, dont on imagine pourtant que parfois, par exemple en pleine salle d’opération, elle devait gêner, voire être mise à sa place. Si le résultat est inédit, c’est donc d’abord par ses images, qui sont généralement la prérogative du seul corps médical. Une fécondation in vitro observée en live (l’on a beau en connaître à peu près le déroulement, l’on retient étran