Le film de Claire Simon s’appelle Notre Corps. Est-ce donc le nôtre à tous, qui se trouve si minutieusement, presque amoureusement, regardé, près de trois heures durant ? C’est en tout cas le corps qui vous a fait naître, lecteurs : c’est peu dire qu’il vous regarde. Pourtant, jusqu’à maintenant, vous l’avez sans doute assez peu regardé, ce corps-là, en tout cas pas comme ça, avec cette attention à sa réalité, à ses désordres, à ses souffrances – sa vie, même ! –, pas figé mais mouvant, émouvant, de l’avant-naissance jusqu’à la mort.
Sept semaines durant, Claire Simon (le Bois dont les rêves sont faits, Vous ne désirez que moi…) a faufilé sa caméra dans le service gynécologie de l’hôpital Tenon, à Paris. Et l’on utilise le verbe faufiler à dessein, tant elle est une présence discrète, franche mais discrète, dont on imagine pourtant que parfois, par exemple en pleine salle d’opération, elle devait gêner, voire être mise à sa place. Si le résultat est inédit, c’est donc d’abord par ses images, qui sont généralement la prérogative du seul corps médical. Une fécondation in vitro observée en live (l’on a beau en connaître à peu près le déroulement, l’on retient étran