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«Nouveau Monde» de Vincent Cappello, éclats d’exil

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Dans un récit composite et inattendu, le cinéaste mêle habilement fiction et documentaire pour brosser le portrait subtil d’un jeune exilé afghan à Paris.
Le cinéaste donne à Rohid une histoire qui est à moitié la sienne et à moitié imaginée. (120 Distributions)
publié le 18 juin 2024 à 21h38

Ce premier film ne subvertit pas seulement l’idée coloniale du Nouveau Monde pour arpenter au côté d’un réfugié une terre inconnue – le nord-est parisien –, il rebat aussi les cartes du récit d’exploration à son échelle, son petit terrain de jeu : ce ne sont pas de grandes mais de petites découvertes que le long métrage extrêmement attachant de Vincent Cappello essaime, dans un récit composite, inattendu, dont la fiction grignote peu à peu la part documentaire, alors plus fidèle encore à l’identité de son jeune personnage, et aussi désorientée que lui. Un Afghan à Paris.

La mise en scène, sortant de la vie des migrants comme «bon sujet», s’évertue à personnifier Rohid (ici les prénoms de fiction sont aussi les vrais) par le portrait de son errance de plus en plus dessinée et réinventée, sans message exemplaire malgré de premières craintes. C’est en lui donnant une histoire qui soit à moitié la sienne et à moitié imaginée – c’est en lui confiant la fiction, que Cappello transforme son modèle en acteur-personnage sortant de ses gonds.

Au gré des petits boulots et des rencontres liées

Dans un style contemporain, Nouveau Monde offre un lien de parenté avec Bushman (1971) ressorti en avril : cette part ethno-biographique à l’épreuve de la partition romanesque, la tragédie lointaine (Nigeria ou Afghanistan) et la faculté proche, moins de «s’intégrer» dans