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Libération
Critique

«Oh, Canada» de Paul Schrader, déclin d’œil

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Filmant la vieillesse de Richard Gere dans un film crépusculaire aux manières d’autoportrait, le septuagénaire ressasse les regrets d’un documentariste mourant.
Jacob Elordi joue Léonard Fife dans sa vingtaine. (ARP Selection)
publié le 17 décembre 2024 à 19h33

Difficile de ne pas voir dans le nouveau film du vétéran Paul Schrader, dressant le portrait d’un cinéaste fictif au seuil de la mort, une forme d’autobiographie de l’auteur, qui, récemment hospitalisé à de multiples reprises, guette probablement lui aussi d’un œil inquiet l’heure de la fin. Oh, Canada fait d’ailleurs écho à l’œuvre de Schrader, qui adapte pour la deuxième fois – vingt-quatre ans après Affliction – un roman de Russell Banks, Foregone – et retrouve pour l’occasion l’interprète de son American Gigolo. Richard Gere prête ici ses traits, désormais creusés, au mourant Leonard Fife, documentariste de renom sommé par d’anciens disciples de livrer le récit de sa vie.

Alors que de prime abord s’opposent le présent de l’interview, aux images numériques cliniques, et des flash-back, baignés dans le grain de la pellicule et centrés sur un voyage dans le Vermont, le road-trip mémoriel se montre vite plus sinueux que prévu : à un plan illustrant un souvenir de Fife répond sans prévenir un contrechamp en noir et blanc situé deux ans plus tôt ; plus tard, le corps usé de Richard Gere viendra même se substituer à celui de Jacob Elordi, qui joue Fife dans sa vingtaine.

Don Juan de seconde zone

Schrader, à qui l’on connaissait plutôt un trait net et assuré (voire un brin mécanique dans le cas de son précédent