Laura, Mira et Steffi sont trois sœurs livrées à elles-mêmes, en l’absence prolongée de leur mère, sans explication. Livré à soi-même : l’expression insinue ce mélange de liberté et de contrainte, le temps infini de l’enfance et la prison de se savoir coincé, tôt ou tard, rattrapé par la société (et les services sociaux). En attendant il faut n’en faire qu’à sa tête, des journées entières. Les trois sœurs (les sœurs vont souvent par trois dans ces cas-là) sont liguées pour leur subsistance avant que rapidement chacune fasse sa vie dans son coin. Le premier long de Mika Gustafson suit leur désœuvrement, leurs vols, squats et petits délits, derniers jours au paradis. Laura, l’aînée, consciente que ça ne durera pas, fait son possible pour leur trouver une mère de substitution.
Dans ce coin de Suède aux vacances prolongées, les rituels se succèdent : premières règles, première dent de lait tombée, première clope, premier baiser. Il existe parmi les films d’enfance (dits «kids pictures») ces histoires orphelines mais orphelines à plusieurs, en fratrie, flâneuses au côté d’enfants esseulés : le vagabondage y est la seule promesse de récit. Un monde dont les adultes ont disparu, où ne subsistent que les silhouettes vociférantes, vaguement inquiétantes. Une ligne qui va de Our Gang, la série de Hal Roach à la Nuit du chasseur, et de l’Argent de poche à Demi-tarif. D’ailleurs à vrai dire, Paradise is Burning est un remake dissimulé, surscénarisé et s