La relation entre Nina (Maren Eggert), cheffe d’orchestre en vogue, et son fils Lars (Jona Levin Nicolai) paraît des plus délétères : ils se croisent comme des étrangers dans leur grand appartement munichois, échangent à peine quelques mots, et lorsque Lars se retrouve inconscient aux urgences après une tentative de suicide, Nina n’ose pas lui tenir la main. En rémission, l’adolescent demande à se mettre au vert pendant quelques jours ; leur petite maison sur la côte Atlantique française servira alors de catalyseur à cette rivalité mère-fils et, peut-être, à des retrouvailles au bout du tunnel.
Vie professionnelle de Nina qui envahit son quotidien, ombre d’un père-mari absent, harcèlement d’une camarade de classe de Lars… Dans Pas un mot, la Slovène Hanna Slak semble avoir convoqué tous les poncifs du drame familial pour générer un maximum d’étincelles. Le film ne se départit jamais d’une sensation d’artificialité : derrière l’austérité de façade ménagée par la mise en scène – véritable lieu commun du cinéma européen de festival –, les affects se révèlent constamment pilotés par une écriture besogneuse. Le film s’avère d’ailleurs balisé de petites métaphores attendues parachevant cette emphase volontariste : par exemple, un briquet dissimulé par Lars, qui symboliquement, «met le feu aux poudres» entre lui et sa mère, ou une barque en lambeaux qu’il s’agira finalement de réparer en même temps que le lien filial.
Sonneries et vibrations intempestives
L’analogie la plus récurrente se noue autour de l’utilisation des téléphones portables, dont les sonneries et vibrations intempestives ne cessent d’interrompre les échanges entre Nina et Lars, soulignant leur difficulté à communiquer. Si Slak tente ici de se tourner vers une problématique contemporaine, l’idée sous-jacente n’est ni très subtile (il ne se passe pas cinq minutes sans qu’un appareil se mette à biper), ni très neuve : la technologie censée nous rapprocher contribue en fait à nous éloigner. La cinéaste inscrit même ce constat en tête du film, dans une séquence où Lars, depuis sa chambre, envoie un drone muni d’une caméra observer sa mère jouant du piano plutôt que de la rejoindre en personne. Il leur faudra s’exiler en pleine nature, loin de tous ces parasites high-tech, pour espérer se retrouver ; on comprend vite le genre d’oppositions un peu grossières qui jalonnent ce film à la partition malheureusement bien manichéenne.