A 83 ans dont 48 passés à la tête de Cinéma de minuit, Patrick Brion tire sa révérence. Si l’émission se poursuivra sous une forme nouvelle (selon France Télévisions), c’est une page majeure qui se tourne avec la retraite de ce légendaire passeur cinéphile.

Au-delà du haut statut symbolique de Cinéma de minuit, que savez-vous de son public ? Quel rôle l’émission joue-t-elle encore, et auprès de qui ?

Jusqu’aux années 90, il y a eu beaucoup d’audience. Beaucoup de gens m’abordent encore aujourd’hui avec des souvenirs de leurs découvertes des années 80. C’est toujours un peu les mêmes histoires : j’étais adolescent, je ne ratais jamais, mes parents m’empêchaient de regarder, mais ils laissaient la porte ouverte, alors je regardais dans l’embrasement… Il y a tout un folklore autour, toute une magie. Aujourd’hui, son influence est évidemment moins importante, moins structurante, je n’ai plus autant le sentiment de former des générations de jeunes cinéphiles. L’émission est regardée, mais beaucoup en rattrapage sur Internet, ce n’est pas le même rendez-vous secret, presque religieux.

On connaît ce mythe des cinéphiles qui ont fait leurs humanités grâce à votre travail de passeur, mais vous, comment avez-vous fait votre propre apprentissage cinéphile ?

J’ai commencé à m’intéresser au cinéma au milieu des années 50. Il faut mesurer à quel point c’était une période exceptionnelle, avec des salles de quartier absolument partout. Pour voir les gra