A un autre temps du cinéma, il aurait été un cinéaste moins remarquable, mais sans doute heureux d’être moins isolé. Dans celui des années 2010-2020, pour des raisons innombrables qui comptent l’avancée irrésistible des plateformes et la franchisation ad nauseam des blockbusters, il est l’exception qui confirme la règle, avec, peut-être, les Coen ou son ami Quentin Tarantino. Paul Thomas Anderson, dit «PTA», 51 ans, écrit et réalise, avec le concours des majors du cinéma comme Warner Bros (Inherent Vice) ou la MGM (le nouveau Licorice Pizza), des films d’auteur qui en affichent tous les signes, forme et fond, jusqu’à agacer ceux qui n’y voient que l’expression d’un privilège, d’une fantaisie indécente ou d’un maniérisme inconséquent. Autant de critiques qui oublient que le Californien, depuis le thriller Hard Eight, a souvent été un cinéaste politique et un metteur en scène éblouissant, qui a fait montre comme peu de sa capacité à mener à bout des films d’une grande originalité de ton et d’ambition, pendant que le grand cinéma d’auteur américain se claquemurait dans un classicisme qui ne dit pas son nom.
Interview
Paul Thomas Anderson : «Je passe mes journées à rêver à l’histoire du cinéma»
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Paul Thomas Anderson (à droite) avec son chef opérateur Colin Anderson sur le tournage de «Licorice Pizza». (MELINDA SUE GORDON)
par Olivier Lamm
publié le 4 janvier 2022 à 7h24
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