Marie Losier est peut-être l’une des dernières cinéastes underground au sens qu’on pouvait donner à cette catégorie au XXe siècle : amour de la pellicule et de la petite forme, religion de l’artisanat do-it-yourself, idée que l’art et la vie se trament ensemble, en bande, dans un même geste où les histoires d’amitié deviennent des films et vice versa. Ainsi, fidèle à sa filmographie faite de portraits d’artistes (The Ballad of Genesis and Lady Jaye avait marqué les esprits en 2011), Losier a filmé la chanteuse et performeuse Peaches pendant dix-sept ans avant de décider qu’il fallait tirer un film du bouquet de ses images. Celui-ci est donc le témoignage de ce compagnonnage au long cours, où la filmeuse se fait aussi discrète que la chanteuse est extravertie, déchaînée, cultivant une présence scénique démentielle, une énergie sexuelle bon enfant qui fait de ses concerts de véritables shows de cabaret burlesque.
Le recours aux archives et aux strates de temps anciennes que Losier redécouvre pour nous permet de passer de la scène à la coulisse, de l’artistique au personnel, de connaître Peaches avant Peaches, ses parents gentils comme tout, sa sœur lourdement handicapée qu’elle