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Pas brillant

«Perfect Days» de Wim Wenders, un monsieur trop propre

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Suivant, façon néo-road movie, un employé dévoué au récurage de toilettes publiques high-tech à Tokyo, le cinéaste allemand peine à nous embarquer dans son carpe diem farci de fausse plénitude et de fétiches culturels.
Koji Yakusho (Hirayama) dans «Perfect Days» de Wim Wenders. (Wim Wenders/Haut et court)
publié le 28 novembre 2023 à 15h11

Le projet «The Tokyo Toilet», dans le quartier à haute densité touristique de Shibuya, permet aux promeneurs épatés de visiter la ville en passant d’une toilette design à l’autre, dans 17 endroits spécialement architecturés et pensés par 16 créateurs. Ce nec plus ultra de l’hygiène publique permet, s’il était besoin, de mesurer les étendues de civilisation, sans doute à tout jamais infranchissables, qui sépare nos chiottes JCDecaux dégueulasses de ces mini-cathédrales high-tech. Esthète ayant écumé les rues de Cuba (Buena Vista Social Club) ou les travées du Vatican (son docu sur le pape François), le cinéaste allemand Wim Wenders a vu dans cette initiative un matériau à fiction pour une sorte de néo-road-movie, de cuvettes en chasses d’eau, qu’on pourrait voir comme une tardive relecture de sa propre humeur dérivante, au travers d’un récit facétieux et, somme toute, assez gonflé.

Tout doit briller sans phrase ni virgule malpropre

Du coup, ce qui surprend dans Perfect Days, c’est le sérieux poétisant avec lequel Wenders entend nous intéresser aux activités de son personnage, Hirayama, joué par la star Koji Yakusho (prix d’interprétation masculine à Cannes), modeste employé taiseux, récurant les chiottes avec la religiosité zen de celui qui s’applique au-delà du raisonnable, probablement à conjoindre la beauté esthétique des lieux d’aisa