«We’re gonna bring down the walls, let them fall, fall, fall…» Bring Down the Walls de Robert Owens, sorti en 1986, est, comme la plupart des classiques de la house de Chicago, une chanson qui parle de sexe et du mystère de la danse. Mais grâce aux travaux de quelques historiens, on ne peut plus ignorer la réalité sociale derrière le raz-de-marée hédoniste : dans les studios comme dans les clubs, la house des origines était, tel le disco une décennie plus tôt, une expression artistique intimement liée aux vécus des Noirs, des queers, des Latinos, des pauvres. Aussi, le parallèle au cœur de Bring Down The Walls, entre les conditions de vie dans la prison haute sécurité de Sing Sing, au nord de New York, et l’espace «de transformation et de libération» d’un club new-yorkais, est moins alambiqué dans la réalité que sur le papier. Le plasticien et cinéaste britannique Phil Collins a eu l’idée du projet en passant du temps en prison avec des détenus de toutes les générations, et notamment en réalisant que certains d’entre eux avaient fréquenté les mêmes discothèques que lui dans les années 90 : si le disco et la house ont joué, aux Etats-Unis, le rôle d’une colle sociale pour les minorités, le «complexe industrialo-carcéral» a joué celui d’un acide de plus en plus corrosif.
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A mi-chemin entre le documentaire, l’agit-prop et la lettre d’amour à la dance music, Bring Down the Walls nous présente ainsi les étapes successives qui ont jalonné ce proje