Un nouveau visage à la tête du complexe dionysien. Pierre Lescure, ex-président du Festival de Cannes, cofondateur de Canal + et ancien dirigeant des Studios Universal à Los Angeles, a été nommé directeur des Studios de Paris, où ont notamment été tournés des épisodes d’Emily in Paris et Valérian de Luc Besson, ainsi que l’ont annoncé les studios jeudi 9 octobre. «Cette arrivée […] marque une nouvelle phase dans l’ascension [des Studios de Paris] en tant que pôle d’excellence de la production cinématographique et audiovisuelle française, européenne et internationale», affirme l’entreprise dans un communiqué.
Inaugurés en 2012 à Saint-Denis, aux portes de Paris, dans les 62 000 m2 d’une ancienne centrale EDF, et fondés par le réalisateur et producteur Luc Besson avec le soutien financier du producteur de cinéma et homme d’affaires tunisien Tarak Ben Ammar, ces neuf plateaux de tournage ambitionnait alors de rivaliser avec les grosses structures européennes comme les studios Pinewood, près de Londres. Mais le projet ne décollait pas et perdait de l’argent. En 2022, Tarak Ben Ammar en est devenu l’unique actionnaire, après avoir notamment acquis les parts d’EuropaCorp, la société de Luc Besson.
«Ce que la France fait de mieux»
Le spacieux ensemble situé comprend «9 500 m² de plateaux de tournage, dont le plus grand de France (2 000 m²), et plus de 15 000 m² d’ateliers de bureaux et de loges», énonce le communiqué. Profitant de l’extension du crédit d’impôt aux fictions en langues étrangères tournées en France et à l’explosion des productions pour les plateformes, ces studios ont accueilli les tournages de célèbres séries (le Bureau des légendes, The Walking Dead…) et de longs métrages, dont Notre-Dame brûle de Jean-Jacques Annaud, Jackie de Pablo Larraín ou le récent remake de The Killer par John Woo.
A lire aussi (2012)
Auprès du magazine spécialisé américain Variety, Tarak Ben Ammar se félicite de cette prise, Lescure ayant par son parcours un gros carnet d’adresses et un entregent certain pour séduire producteurs et réalisateurs : «Pierre et moi sommes comme des explorateurs du XIXe siècle qui partaient en bateau à la découverte de nouvelles tribus, de nouvelles langues, de nouvelles cultures, ils prenaient des risques. Nous aussi, dans nos parcours professionnels, nous savons prendre des risques.» Les deux hommes se connaissent par ailleurs de longue date depuis les débuts de Canal +, dans les années 1980, quand Tarak Ben Ammar, qui avait fondé des studios à Ben Arous près de Tunis, se lance en production dans des projets internationaux tels que la Traviata de Franco Zeffirelli ou Pirates de Roman Polanski.
Intégré aux plans de travaux du village olympique à Saint-Denis, les studios sont désormais équipés de nouveaux commerces, restaurants et logements, facilitant, selon Lescure, l’accueil des équipes de tournage. «En cette période extrêmement troublée, on observe un mouvement vers l’Europe», explique-t-il à Variety : «Même si la France est dans une situation politique chaotique, notre économie n’est pas ruinée et notre industrie cinématographique reste aussi puissante et indispensable que jamais.»