L’esprit encombré du mot «charme», les oreilles bourdonnant de cette incantation à tomber en pâmoison, on remonte le Boul’mich à grands pas. Va-t-on vaciller devant les mèches soufflées haut de Pierre Niney, cet aquilin dont la pilosité oscille entre le hipster vintage et le révolutionnaire castriste ? Nos amies le fleurissent de superlatifs. Lestée de leur amour inconditionnel, on rejoint l’acteur dans un café perché au-dessus du cinéma du Panthéon. Veste-blouson Dior, slim anthracite, bottines de cuir, le dandy cool, qui aime varier les plaisirs et les looks, a le regard flou du myope daltonien. «Je vois des nuances différentes, mais je crois n’avoir jamais fait de maxi-faute de goût. Quand j’étais petit, je dessinais des chiens verts, c’est pour ça qu’on a testé ma vue.»
Doté selon lui d’un «physique étrange», le trentenaire résiste bien à l’anamorphose et aux métamorphoses du grand écran. Plus qu’une plastique, les réalisateurs cherchent en lui le bosseur concentré et soulignent l’élasticité de son jeu. Lunettes sur le nez, timbre hypnotique, son élégance très rock’n’roll lui a valu un césar dans le biopic Yves Saint Laurent. Chez Ozon, il a dompté les der-die-das germaniques et les stridences du violon pour incarner un Français rescapé de 14-18. S’est coltiné le stress d’un acousticien de la BEA, le bureau qui enquête sur les crashs de l’aviation c