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Libération
Critique

«Portraits fantômes», quand on s’avive en ville

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Le Brésilien Kleber Mendonça Filho parcourt Recife, où il vit, et ses salles de cinéma, dans une promenade urbaine tendre.
Le cinéaste utilise archives personnelles, films amateurs d’horreur, documents de chantier… (Kleber Mendonça Filho/Urban Distribution)
publié le 30 octobre 2023 à 23h24

Le bien-aimé cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho filme Recife, la ville où il a grandi et où il vit, depuis toujours : Portraits fantômes, avant d’être un film de dérive psychogéographique sur les cinémas désertés de la capitale de la province du Pernambouc, arpentant ce qui reste des traces d’un ou deux âges d’or cinéphiles à jamais enfuis, commence par être le portrait de quelques lieux familiers, de la vie intime de l’auteur et des films qu’il y a tournés. A commencer par l’appartement de sa mère, historienne engagée, à présent disparue, où il a grandi avec elle et son frère. L’exploration de cet endroit chaleureux et de ses alentours immédiats, à travers les archives du cinéaste – photos de famille, documents de chantier et de rénovation, films d’horreur amateurs de son adolescence, plans tirés de son premier long métrage de fiction, déjà autobiographique (les Bruits de Recife, 2012), ou images captées pour l’occasion –permet de lui rendre un hommage émouvant. La nostalgie, et l’humour tendre qui va ici avec, oriente le montage des images disparates et l’avancée de la voix off du réalisateur, qui navigue entre la tentation de replonger dans le passé et le besoin de mesurer la distance qui sépare les diverses temporalités du présent de son âg