C’est un été très incertain qui commence pour le cinéma américain. L’énième depuis 2019, dernière saison «normale» avant le grand hiatus pandémique pour les gros studios (Sony, Warner, Disney/Fox, Universal, Paramount), que Disney avait d’ailleurs dominée avec une insolente hégémonie (le Roi Lion, Toy Story 4, Aladdin, Spider-Man : Far From Home – dont les recettes avaient certes été partagées avec Sony pour d’inextricables raisons de droit d’exploitation). La double stratégie du «tent-pole movie», long métrage concentrant des investissements majeurs de manière à rapporter au moins trois fois sa mise (des budgets de 250-300 millions de dollars, impossible à rentabiliser sans approcher le milliard de recettes) et de la franchise – le film en série interconnectée dont le pinacle commercial, sorti au printemps 2019, reste à ce jour Avengers : Endgame (Marvel/Disney) – trouvait là un indéniable état de grâce populaire.
A tel point que l’industrie du cinéma américain semblait avoir glissé dans un nouvel âge qui semblait devoir durer éternellement, voire avoir changé irrémédiablement de nature. Quelle place en effet, en dehors des plateformes de streaming – cet acteur de plus en plus «disrupteur» –, pour les films aux budgets plus modestes, pour les histoires originales et indépendantes de licences d’exploitation de séries de romans ou de bandes dessinées à s