La grosse constante de la filmographie de Jean-Pierre Améris depuis vingt ans, ce n’est pas tant Benoît Poelvoorde (qui collabore ici avec le cinéaste pour la troisième fois après les Emotifs anonymes et Une famille à louer) que les adaptations de romans, pour petit ou grand écran : Victor Hugo, Emile Zola, Olivier Adam, Cécile Ladjali, Anne Wiazemsky… n’en jetez plus. Cette fois, ce sera donc le roman semi-autobiographique du journaliste et romancier Sorj Chalandon Profession du père, sur les maltraitances infligées dans les années 60 à un gamin de 12 ans par son géniteur violent et mythomane. Se prétendant espion pour une cellule de l’OAS, ce dernier charge son fils de toutes sortes de missions pour le compte de l’Algérie française – jusqu’à suggérer de fomenter un attentat contre De Gaulle.
On sent l’adaptation mue par un combo d’arguments prémâchés pour l’acquisition des droits télé. A l’image, une francité d’antan en culottes courtes entre le Petit Nicolas et la Guerre des boutons. Côté registre, tout semble vouloir tendre vers le film d’aventures familial, bien incapable toutefois de trouver son ton, car sans cesse contrecarré par le caractère massivement pénible de l’histoire, la gravité thématique du matériau original ici affrontée avec des moyens naïfs : l’idolâtrie délétère du père, l’enfance manipulée, la tétanie d’un foyer sous emprise. Comprendre la fascination de l’enfant pour son père n’est pas permis au spectateur, d’emblée m