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Cinéma

«Rendez-vous avec Pol Pot», de Rithy Panh : leurres du crime

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Inspiré d’une histoire vraie, le film suit des Occidentaux dans le Cambodge des Khmers rouges à travers un mélange sans ferveur de fiction, d’archives et de reconstitutions.
Dans «Rendez-vous avec Pol Pot», les journalistes ne peuvent parler qu’aux officiels qui les surveillent. (Dulac)
publié le 4 juin 2024 à 17h01

Le nouveau film de Rithy Panh aborde une question passionnante sans vraiment parvenir à faire autre chose que l’illustrer par des biais didactiques qui ne sont hélas pas à la hauteur du phénomène de fascination idéologique qu’il entend mettre en scène. En effet, une fois de plus, après de nombreux documentaires souvent terribles et définitifs (S21, la machine de mort khmère rouge ou l’Image manquante), le cinéaste dont les parents et la famille furent directement victimes des atrocités de cet élan forcé vers la société communiste sans classe, essaye par un mélange de fiction, d’images d’archives et de reconstitution de scènes avec des figurines miniatures de rendre compte d’un voyage d’Occidentaux dans le Cambodge sous emprise des Khmers rouges. Le scénario transpose le récit d’une journaliste américaine, Elisabeth Becker, qui avait été en poste à Phnom Penh pour le Washington Post et participait à une délégation en 1978 : elle s’y trouve alors en compagnie d’un autre journaliste, Richard Dudman du St. Louis Post-Dispatch et, surtout, de l’Ecossais Malcolm Caldwell, professeur marxiste à l’Ecole des études orientales et africaines à l’université de Londres, autorisé à visiter le pays qui s’était complètement cadenassé depuis trois ans et l’évacuation de la capitale.

Caldwell était un activiste important chez les intellectuels de gauche de son pays, anti-impérialiste, protestant actif contre la guerre du Vietnam. Et avait vu dans la révolution khmèr