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Interview

Renée Nader Messora et João Salaviza, réalisateurs de «la Fleur de Buriti» : «Nous voulions rendre compte de l’intelligence collective du peuple des Krahôs»

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Les réalisateurs reviennent sur leur méthode de travail en compagnie des Krahôs, sur les liens tissés au long court avec la communauté indigène du Nord-Est du Brésil et leur rejet de l’exotisation.
Renée Nader Messora, et João Salaviza, en mai 2023 à Cannes. (Laurent Koffel/Gamma-Rapho)
publié le 30 avril 2024 à 12h40

Cinq ans après le Chant de la forêt, la cinéaste brésilienne Renée Nader Messora et le Portugais João Salaviza signent la Fleur du Buriti, une nouvelle fiction habitée parmi la communauté indigène des Krahôs, qui résiste contre son effacement dans le Nord-Est brésilien. Les deux compagnons, de passage dans la triste Europe, nous racontent comment deux Cupês (les non-autochtones en langue krahô) cherchent tout là-bas le bon rythme pour se frayer un autre cinéma.

Il y a beaucoup d’histoires et de formes différentes dans la Fleur de Buriti, qui laisse une impression de multiple, à la différence du Chant de la forêt, le premier film de fiction que vous aviez fait avec les Krahôs, un récit d’initiation plus linéaire. Qu’est-ce qui a provoqué cette mutation ?

Renée Nader Messora : Dans le Chant de la forêt, nous voulions nous approcher de l’intimité d’un jeune garçon krahô, comprendre le détail de ses rapports avec sa communauté mais aussi avec la société brésilienne. Ce sont ces relations que nous voulions tenter de percevoir, parce que le cinéma qui filme habituellement les peuples indigènes – qui est en général un cinéma extérieur au village, qui n’est pas fait de l’intérieur par des membres de la communauté –, ne regarde les per