Sous le sous-titre «Le romantisme made in Hongkong», Carlotta Films ressort quatre films restaurés de Stanley Kwan, très beaux exemples de mélos acclimatés à l’identité toujours flottante d’un port pris entre le marteau britannique et l’enclume chinoise. Issu de la Nouvelle Vague hongkongaise du mitan des années 80, aux côtés de Ann Qui et Wong Kar-wai, Kwan a au moins livré deux chefs-d’œuvre, portraits de femmes ployant sous la contrainte sociale, à la fois exquis et réflexifs, où il s’agit de démasquer une fiction sous ses atours les plus glamour. Geste politique et intime où le cinéaste montre la grandeur et la trivialité du spectacle, l’hypocrisie dans les rôles assignés aux femmes et un prélude au coming out de Kwan en 1996, qui s’est toujours identifié à ses héroïnes.
Tourtereaux eighties
Le premier, Rouge (1987), est un monument à Anita Mui, sans doute la plus belle moue boudeuse du cinéma hongkongais. Elle est Fleur, tragique courtisane défunte des années 30 qui revient hanter un propret couple contemporain pour qu’il l’aide à retrouver son amant inconstant (la gueule d’ange Leslie Cheung), emporté avec elle dans un pacte suicidaire. Le film est gracieusement composé à l’image de Fleur, lèvres écarlates et gainée dans sa robe traditionnelle, tout en assumant son artifice dès ses premiers plans – elle, se maquillant face caméra, construisant son personnage. Tout n’y est que fragilité, de la présence de Fleur à l’amour éprouvé des tourtereaux eighties qui l’accueillent, fascinés com