Si les amples fresques historiques d’Akira Kurosawa immédiatement saluées – Rashomon, les Sept Samouraïs – révélaient sous les atours de spectacles flamboyants un humanisme inquiet et une écriture inventive et acérée, voilà un cinéaste dont la notoriété, souvent associée à cet écrin épique du jidai-geki (film en costumes), fait parfois écran aux autres genres auxquels il s’est frotté – drame intimiste, polar noir, film d’action –, reléguant son œuvre au rang de monument qu’on ne visite que de loin en loin.
Il suffit pourtant de quelques plans saisis à la volée, la picturalité vibrante de l’image, la composition de l’espace, réinventé par la démultiplication des angles de vue (la patte du réalisateur), pour être saisie par la tension dramatique qui infuse ses films. Aussi la ressortie en salles et dans de nouvelles restaurations 4K et 2K de six de ses longs métrages tombe-t-elle à point nommé. D’autant que cette salve aborde des thématiques, des tonalités et des styles différents des films de samouraïs qui firent sa renommée.
Même Yojimbo (1961), qui appartient encore à ce genre – l’intrigue se passe à l’ère Edo au XIXe siècle –, se distingue du chanbara classique par la façon dont s’y mêlent les codes du western (la spatialisation comme clé de voûte de la mise en scène). Ma