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Cinéma

Rétrospective : Albertina Carri, cinéaste très poly

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Figure de l’underground queer argentin mais quasi inconnue en France, l’artiste voit son œuvre transgressive et militante, anarchique mais cohérente, mise en lumière au festival Cinélatino à Toulouse.
«Las Hijas del fuego» (2018).
publié le 21 mars 2025 à 22h28

Décidément l’Argentine. Le festival Cinélatino, qui se tient à Toulouse jusqu’au 30 mars, propose pour sa 37e édition un aperçu substantiel de l’œuvre d’une totale inconnue sous nos latitudes, Albertina Carri. Un seul, parmi la dizaine de longs métrages qu’elle a réalisés depuis 2000, a bénéficié d’une sortie française, après sélection à la Quinzaine des cinéastes : Gémeaux, en 2005. Le film, plastiquement très beau et très peu aimable, se fit à l’époque laminer par les journaux, son autrice renvoyée à ses chères études. On n’entendit plus parler d’Albertina Carri en France. Mais pour les Argentins, Carri est une figure de la culture underground queer, et elle est d’abord la fille de son père, Roberto Carri, sociologue révolutionnaire, militant péroniste qui fut, avec son épouse Ana-Maria Caruso, arrêté, torturé puis exécuté par la junte militaire en 1977. Albertina avait 3 ans. Los Rubios, film remarquable, raconte cette histoire, documentaire en morceaux (2003). Et puis, ainsi qu’elle en fait l’aveu étonnant dans Cuarteros (2016), Carri est la petite-nièce d’Adolfo Bioy Casares. Rien que ça.

Cette ascendance fondamentale (à quoi tout nous ramène) permet de se repérer au milieu des connexions et méandres de l’œuvre. Car à première vue, il n’y a rien qui ressemble moins à un film d’Albertina Carri qu’un autre film d’Albertina Carri. Sept films se détachent, tout est disparate : No quiero volver a casa (2000) premier attentat en fiction polit