On a tendance à l’oublier parfois, mais Mexico fut, des années 30 à 50, un paradis étincelant du cinéma, une sorte de petite Hollywood, à la vitalité si intense qu’elle fascinera Eisenstein et relancera la carrière de Luis Buñuel qui s’y installera après un exil raté aux Etats-Unis.
Films révolutionnaires, chroniques rurales aux accents patriotiques, mélos gothiques, rumberas (drames urbains ponctués de scènes de cabarets aux rythmes afro-cubains) et autres films noirs étoffent une production dont l’aura ne faiblira qu’à la fin des années 60. Des noms émergent de cet Eden englouti : Roberto Gavaldón, dont on a pu l’an dernier redécouvrir une poignée de mélodrames exaltés et retors, ou encore le génial chef opérateur Gabriel Figueroa, maître inspiré du clair-obscur et de la profondeur de champ. Et bien sûr quelques stars locales dont certaines firent aussi carrière à l’international – Dolorès del Rio, Pedro Armendariz, ou encore Emilio Fernández, dit «El Indio» à cause de ses origines kikapu, une trogne inquiétante que les fans de Peckinpah ne sont pas près d’oublier (la Horde sauvage, Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia), mais dont le palmarès derrière la caméra, en tant que cinéaste cette fois, fait office de trésor national – l’un de ses faits de gloire, María Candelaria, remportera le grand prix au Festival de Cannes en 1946.
Les cinq films qui ressortent cette semaine en salles – Une aube différente (Distinto Amanecer, 1943) et Crépu