Quelle mouche a piqué Richard Linklater, figure du cinéma indépendant américain depuis quarante ans, de venir tourner en France et en français dans le texte un vrai faux making-of du film étincelle de la Nouvelle Vague ? Un désir moins saugrenu qu’il n’y paraît de se pencher sur les racines de son propre cinéma, immensément influencé par Godard et Rohmer et intensément préoccupé par l’enthousiasme de la jeunesse depuis Slacker et Dazed and Confused. Il évoque à Libération les raisons derrière ce singulier projet.
Nouvelle Vague se déroule dans le passé, mais c’est un film sur le temps présent.
On a tendance à considérer le réel, dès lors qu’il est relégué au passé, avec un sens du sérieux très pesant – je voulais faire exactement le contraire. Ce sont juste des jeunes qui vivent sans savoir où ils vont. J’ai écrit un mot au casting au début : oubliez votre déférence à Godard. Il n’est personne. La plupart d’entre vous n’ont pas lu ses critiques. Guillaume [Marbeck] me disait entre deux prises, «ce truc l’agaçait chez Truffaut»… Mais c’est un anachronisme. Ce film est sur leurs bonnes années, quand ils sont meilleurs amis. Profitons du fait que ce tournage a été très documenté, de toutes les photos, des fiches de tournage avec le nombre de prises pour chaque scène, de toutes ces infos à notre disposition.
Le spectateur a une longueur d’avance sur les personnages. On sait qui va devenir une icône, et qui va s’évanouir dans l’oub