Après Retour à Bollène (2018) et son court-métrage le Départ (2020), Saïd Hamich Benlarbi bouleverse avec la Mer au loin, qui déploie sur une décennie, entre 1990 et 2000, le roman d’apprentissage de Nour (Ayoub Gretaa), un jeune homme marocain débarqué d’Oujda à Marseille, à travers les rencontres et les chansons qui feront sa vie. Le cinéaste, aussi producteur (son autre casquette depuis 2010), raconte comment il a composé ce raï initiatique hanté par la bande-son de l’exil.
Comment vous est venue l’envie de raconter cette histoire sur une décennie ?
J’ai grandi au Maroc, que j’ai quitté à l’âge de 11 ans, je vais en avoir 39. J’ai donc cette expérience de déracinement, d’exil, même si je retourne beaucoup au Maroc. Or ce sentiment d’exil a quelque chose de non immédiat, de difficilement cernable ou explicable. C’est quelque chose qui est tout le temps en toi mais qui t’échappe en permanence, et qui a lieu sur le temps long, qui ne commence pas dès l’instant du départ mais qui se dépose avec les années. Je me suis demandé si le cinéma, grâce au temps, grâce aussi à la musique notamment, ne serait pas capable d’exprimer ce sentiment. J’ai eu envie de parler de cette expérience des Français d’origine maghrébine par l’intime, parce que j’en ai marre de voir des films où on n’est cara