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Libération
Cinéma

«Santosh», caste and furious

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A travers un duo de femmes plongées dans l’univers corrompu et violent de la police, Sandhya Suri mêle thriller et drame social pour livrer un puissant «instantané de la société indienne».
«Je ne voulais pas fonder ma représentation de la police indienne sur ce que j’avais vu au cinéma, mais sur une expérience réelle. J’ai donc passé énormément de temps sur le terrain avec les forces de l’ordre, avec des spécialistes de la question», raconte Sandhya Suri à «Libération». (Haut et court)
publié le 16 juillet 2024 à 23h41

Santosh a les yeux grands ouverts. Vibrants, exorbités. A chaque fois qu’elle entre dans une pièce, filmée face caméra, on s’attend à découvrir un agrégat de cadavres en contrechamp. C’est le regard d’une femme condamnée à garder un sang froid implacable alors que tout en elle voudrait s’effondrer, partir en courant. Il faut dire que Santosh vit une situation peu banale. Lorsque son mari, agent de police dans une région rurale du nord de l’Inde, est tué au cours d’une émeute, elle se retrouve rejetée par sa famille, privée de pension et sommée de quitter son appartement de fonction – à moins qu’elle consente, comme lui permet la loi, à prendre la place laissée vacante par le défunt et s’enrôler dans les forces de l’ordre. Sans autre option, Santosh accepte et découvre bientôt un univers marqué par la violence et la corruption, sous la supervision de la très charismatique et ambiguë inspectrice Sharma.

Santosh pourrait, et on s’en inquiète très vite, être un genre de Salaam Bombay ! de l’ère Narendra Modi – une anti-carte postale de l’Inde, exposant pleins phares misère et discrimination à travers les yeux d’un personnage innocent frappé par l’attirail complet des injustices sociales. Ce serait oublier que Sandhya Suri, cinéaste indo-britannique dont c’est le premier long métrage de fi