«Faire une samba sans une tristesse, c’est aimer une femme qui ne serait que belle.» La phrase dite par Pierre Barouh dans la séquence d’ouverture de Samba Saravah résonne d’autant plus qu’à l’écran défilent les clichés d’un carnaval haut en couleur et trépidant. Les mots sont ceux de Vinicius de Moraes, poète et diplomate à qui l’on doit de nombreux classiques du genre. Et ce choix, tout en contraste, de débuter par la Samba de Bênção qui se joue sur un tout autre tempo et à mots feutrés, en dit long sur les intentions de ce film. «Dissiper les malentendus sur cette musique, provoqués par les impératifs commerciaux», comme l’écrira quelques mois plus tard Pierre Barouh.
Samba Saravah en est la version française, née dans l’indolence de la nuit précédant le retour sur Paris de Pierre Barouh, en 1966. A ses côtés, des habitués des doux rivages de Leblon : Baden Powell, Milton Banana et Oscar Castro-Neves. A 9 heures du matin, ils ont couché quelques thèmes sur un magnétophone. Trois ans plus tard, voilà Barouh de retour au Brésil, une terre qu’il fréquente assidûment depuis 1959. Entre-temps, la chanson a été au générique d’Un homme et une femme et a donné le nom d’un label où le Français va accoucher que