«C’est un truc de dingue, de pouvoir vivre son rêve quand on vient d’une famille de la classe ouvrière.» Sean Price Williams s’exprime au nom de trois personnes – au moins. Lui-même, qui réalise son premier long métrage en tant que cinéaste après une décennie à travailler dans un vidéoclub et quinze ans à photographier les films des autres (les Safdie, Michael Almereyda, Alex Ross Perry) ; Talia Ryder, l’actrice principale dudit film ; et Lillian, la protagoniste que Ryder interprète, en fugue intrépide dans les confins, cryptes et marges de la côte est américaine. Manière de nous dire que Williams, grande gigue quadra sous crinière épaisse et grosse barbe poivre et sel, et Ryder, menue, œil perçant, majeure depuis moins d’un an, ont plus d’un point commun, et que ce film qu’ils portent ensemble, The Sweet East, parlent d’eux et d’où ils viennent quasi à égalité.
«Je suis originaire de Buffalo. J’ai déménagé à New York à 12 ans pour jouer dans une comédie musicale [Matilda, ndlr]», resitue l’actrice (et chanteuse, et danseuse) après que le cinéaste a interprété pour nous la dernière image du film (sans rien divulgâcher, on la voit repartir sur la