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Libération
Rétrospective

Sessue Hayakawa, l’épure du séducteur

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L’acteur japonais fut l’une des premières stars hollywoodiennes du muet, incarnation orientaliste du dangereux amant exotique. Une rétrospective lui est consacrée à Paris.
Colleen Moore et Sessue Hayakawa dans «The Devil’s Claim» (1920) de Charles Swicard. (George Eastman Museum )
publié le 23 mars 2024 à 23h49

Qui fut la première star d’origine asiatique à faire réelle impression à Hollywood ? Le genre à sortir de sa limousine et avoir un parterre de fans promptes à jeter leur manteau par terre pour éviter que ses pieds ne foulent une flaque d’eau ? Le nom de Sessue Hayakawa est avant tout connu des historiens du cinéma et de ceux qui se souviennent du Pont de la rivière Kwai (1957), où il incarnait un sadique militaire nippon pendant la Seconde Guerre mondiale. Un homme cruel – titre du roman que lui consacra Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes – mais pas que, qui avait dans les années 1910 et 1920 la même notoriété que Charlie Chaplin et Douglas Fairbanks. La rétrospective que lui consacre la fondation Jérôme Seydoux-Pathé, centrée sur ses films muets, permet d’apprécier l’originalité et la complexité d’une aura tel qu’il s’en créait au temps du muet, la possibilité d’une vedette asiatique masculine qui n’ait pas besoin des arts martiaux pour exister.

Né en 1889 au Japon, débarquant en 1913 sur les planches en Californie et muni d’une belle bio romanesque sujette à caution (a-t-il failli faire hara-kiri après avoir déçu son père désireux de le voir faire carrière dans l’armée ?), Hayakawa est d’abord cantonné aux rôles d’Asiatiques stéréotypés ou même d’Amérindien et de Mexicain. ll devient un sex symbol avec le superbe Forfaiture (1915) de Cecil B. DeMille, indéniablement moderne par sa maturité artistique (montage, cadrage, éclairage). Hayakawa