Prenez un groupe de jeunes gens perdus dans l’immensité de la cordillère des Andes battue par les vents. L’un d’eux, Pehuén, se donne des airs de chef de bande. Il matraque de questions Simon, un outsider comme sorti de nulle part, venu se greffer à la bande l’air de rien. Qui est-il ? Que sait-il faire ? Qu’est-ce qu’il vient faire là ? La troisième question n’est jamais vraiment posée, c’est le spectateur qui se la pose. A la fin du film, on ne saurait pas plus y répondre qu’au début. On aura en tout cas envisagé plusieurs pistes, des hypothèses mises en mouvement par le récit sans qu’aucune ne se fige jamais en certitude. Mieux vaut en savoir le moins possible sur le perturbant premier long métrage de l’Argentin Federico Luis, primé à la Semaine de la critique à Cannes l’an dernier, si l’on veut aller au bout de l’expérience prévue, celle d’évidences qui se dérobent. Simón de la Montaña fait de l’effet, pas toujours en bien, en laissant se tortiller des questions troubles sur la norme et l’énigme de l’identité.
Simón a cru reconnaître des gens comme lui. Il est peut-être simplement venu se faire des amis. De qui se moque Simón ? Certainement pas de cette nouvelle bande de copains, qui sont pourtant habitués à être moqués. Neuroatypiques, handicapés, ou quel que soit le nom qu’on leur donne, ils se fréquentent dans un centre spécialisé, et socialisent autour d’activités piscine ou théâtre. Ils ne sont pas comme Simón, qui lui, est «normal», si tant est que cel