Menu
Libération
Fantaisie

«Sissi et moi», dame de cœur

Article réservé aux abonnés
Très libre et bien rythmé, le portrait de l’impératrice autrichienne via sa servante campée par Sandra Hüller est plein de trouvailles.
Sissi (Susanne Wolff, à droite), au côté de sa servante, la comtesse Irma (Sandra Hüller). (Bernd Spauke)
publié le 25 octobre 2023 à 5h53

Elisabeth d’Autriche, aristo bohème, Riot Grrrl avant la lettre, grand tempérament, maniaco-dépressive et cocaïnomane, cruelle et céleste, pourquoi pas. Anachronique en somme, cependant enfin fidèle à elle-même. Après le beau Corsage au cinéma et la passable série The Empress sur Netflix, voici encore Sissi impératrice (1837-1898), définitivement extraite de l’enfance joufflue et des chromos meringués avec Romy Schneider, établie femme adulte et tourmentée, idole fofolle et dame de fer libre mais pas libérée, tentant de contrôler sa vie impériale ennuyée, son corps trop maigre, son entourage immédiat, ainsi de sa dame de compagnie nouvellement nommée – et le «moi» du titre : Irma Sztáray, comtesse hongroise dont le film de Frauke Finsterwalder a choisi d’adapter le journal très librement.

Mobilité de visage fascinante

Il s’agit à point nommé d’une fantaisie au sens musical, variation sur des airs connus modernisés, figure revisitée de royauté rebelle en la compagnie quasi exclusive et esthète des femmes. Dès le début résonne Glory Box de Portishead, tôt suivi par Le Tigre, puis Nico à la B.O. La greffe force le trait moderniste, annonçant la couleur d’insolence désinvolte qui rappelle le glam-punk destroy d’un Ken Russell quand le prenait de s’atteler à des reconstitutions de romantisme indiscipliné (Women in Love), mauvais goût affiché, goût des fluides corpo