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Libération
Sortie ciné

«Six Pieds sur terre», linceul au monde

Assez attendu, le premier film Karim Bensalah suit un jeune homme buté forcé de travailler pour des pompes funèbres musulmanes, et qui acceptera finalement son destin.
Le réalisateur Karim Bensalah est, comme son jeune héros, fils d’un diplomate, algérien par son père et brésilien par sa mère. (jour2fete)
publié le 19 juin 2024 à 4h45

Premier film de Karim Bensalah, Six Pieds sur terre ne déroge pas à la règle, maintes fois observée dans le cinéma français, de l’œuvre inaugurale en forme de «coming of age story», mâtinée d’une dose d’autobiographie. En effet, le réalisateur est, comme son jeune héros, fils d’un diplomate, algérien par son père et brésilien par sa mère. Sofiane, lui, aborde la moitié de sa vingtaine avec une nonchalance un peu tête à claques, étudiant à Lyon qui paresse sur les bancs de la fac entre deux fêtes bien arrosées. Déconnecté de toute idée de destin, et coupé de ses origines – il arbore une morgue cosmopolite qui commence à agacer autour de lui – Sofiane va devoir accepter un emploi dans les pompes funèbres musulmanes, suite à un couac qui met en péril le renouvellement de ses papiers.

Antihéros assez peu amène

Karim Bensalah choisit d’épouser totalement le point de vue d’un antihéros assez peu amène (chose en soi assez intéressante et rare pour être soulignée) mais la trajectoire qu’il dessine pour lui est sans surprise. Sofiane passera d’une attitude de rejet buté sur l’air de «je suis trop bien pour ce sale boulot» à une compréhension de la beauté du métier, pour finalement accepter un destin plus modeste que celui auquel il rêvait. Si on a du mal à croire à cet itinéraire, c’est qu’il est trop pavé de clichés et ne s’incarne jamais dans la mise en scène : le jeu de l’acteur, sur une seule note, les dialogues souvent maladroits, et les coups de force du scénario font écran au milieu qui est filmé, et à des rituels qui auraient demandé une précision plus documentaire.

Six Pieds sur terre de Karim Bensalah, avec Hamza Meziani, Kader Affak, Souad Arsane… 1h36.