Il n’est pas de problème que la technologie ne saurait résoudre. Voilà la grande croyance de notre temps, portée par son champion Elon Musk, dont s’empare Sky Dome 2123 en la portant à son stade terminal. Epuisée, la Terre a rendu l’âme et n’est plus qu’une surface stérile, sans faune, ni flore. La civilisation qui y survit, réfugiée sous des dômes de plastique, est régie par une hyper-rationalisation du vivant. L’homme, devenu moyen et fin, consommateur et produit, se voit attribuer une date d’expiration : passé la cinquantaine, le temps de la jouissance est révolu et débute alors une mise au service de la communauté qui implique de devenir à son tour une ressource consommable. Le cannibalisme cool comme chemin vers l’autarcie parfaite, où le corps recyclé fait tourner les voitures autonomes, alimente les restos, éclaire la grande machinerie d’un néo-Budapest capté, dès le premier plan du film, comme une sorte de grand circuit imprimé d’un ordinateur monde. On comprend sans difficulté le choix de Nora, 32 ans et une dépression de tous les diables, d’entamer un processus anticipé de «végétalisation» (c’est moins morbide, dit comme ça). Contre le choix de son mari, Stefan, qui refuse de la laisser partir si vite et se jette à cœur perdu dans une tentative d’enrayer les rouages de la grande machine qui régit le monde.
Exercice d’équilibriste
Premier long métrage d’animation d’un duo de cinéastes hongrois, Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó, Sky Dome 2123 inscrit l’étrangeté de cette «résili