Les années 80 furent la décennie de la testostérone, du grand retour de l’impérialisme américain, des héros à gros bras et de la rivalité entre Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone. Moins flamboyantes, les années 2020 sont pour l’instant celles du docu Netflix. Mais la rivalité revient. Quatre mois après Arnold, plongée habitée dans le destin de Schwarzie, Sly : Stallone par Stallone offre à l’étalon italien son propre panégyrique.
Les rivaux sont devenus copains, se répandent en flatteries dans leurs portraits réciproques. A la démesure des corps et du box-office succède un autre match, perdu par Stallone d’un point de vue strictement comptable (trois épisodes d’une heure contre un film d’une heure et demie), probablement aussi sur un autre plan plus indicible : resté sur le seuil du catalogue de grands portraits panthéoniques en plusieurs volumes à la Schwarzie, Beckham ou Jordan, Sly doit se contenter d’une forme assez repliée sur elle-même. Elle semble moins reliée à ces récits de grands destins convolant avec l’histoire qu’à ses propres velléités d’autocélébration en téléréalité (la Famille Stallone sur Paramount +), gratifiées cet été d’une indifférence polie.
Sa grimace éternellement endolorie de colosse quattrocento fascine toujours, de même que son idéalisme chimiquement pur, mais comme l’indique le titre, le stallonisme est ici au carré. Sly se piège dans son propre regard, avec une naïveté confinant à la nigauderie, dont résulte un