Alors que la Cinémathèque française choisissait de lui consacrer une rétrospective début décembre, Sofia Coppola a bien été obligée de se plier à l’exercice de la masterclass et de répondre à quelques questions. Mais pour cette Américaine au patronyme outrageusement célèbre, qui officie au sein d’un cinéma d’auteur aristocratique et minimaliste, ce n’est pas chose facile : sa timidité, la préférence donnée à l’ambiguïté, quelque chose aussi comme un vague ennui – la matière même du vague à l’âme de ses jeunes filles depuis vingt-cinq ans déjà – transpirent lorsque Sofia Coppola doit nous répondre. On sent qu’elle préférerait, comme Bartleby, not to. A l’image de ses personnages, souvent mutiques, un peu ailleurs, fixant des points hors champ et ne révélant pas leur secret, Coppola est prudente, mesurée et préfère ne pas donner son avis sur Spring Breakers ou Barbie, restant ainsi fidèle à cet idéal de retrait sur les sommets (Versailles, le Château Marmont, et aujourd’hui Graceland, la demeure d’Elvis et de Priscilla Presley). Peut-être un poil pas assez concernée par notre raffut contemporain, en tout cas raccord avec un féminisme feutré qui d’un côté n’a pas attendu #MeToo pour filmer depuis le regard de filles prisonnières, et de l’autre se garde bien de trop durement juger les hommes.
Critique
Quand avez-vous croisé le destin de Priscilla Presley (qui coproduit le film) pour la première fois ?
J’ai grandi avec des images d’Epinal de Priscilla Presley, qu