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Interview

Court métrage posthume de Jean-Luc Godard : «Il trouvait que c’était un de ses meilleurs films»

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Fabrice Aragno, le collaborateur du cinéaste suisse mort en 2022, revient sur la genèse de «Drôles de Guerres», son presque dernier court métrage où se déploie son art du collage.
Pour le réalisateur, la table de travail en bois «était devenue centrale» dans l’élaboration des films. (Bluebird Distribution)
publié le 7 mai 2024 à 20h40

Que c’est long, plus de quatre minutes sans le son. On n’a plus l’habitude, et c’est bien que Godard soit là (encore, toujours, par-delà sa mort) pour nous forcer à regarder mieux, à écouter tout, y compris le silence, qui n’est jamais certain. Selon où l’on se trouve, on entendra alors la salle entière qui respire, ou les oiseaux qui vont et viennent dans le lointain. Ça s’appelle Film annonce du film qui n’existera jamais : «Drôles de Guerres», mais il parait que le «qui n’existera jamais» n’est pas de JLG. Justement parce qu’il existe, ce film (produit par Saint Laurent productions, la cellule cinéma de la maison de luxe du même nom!), et prend au pied de la lettre ce qu’on a toujours dit aux cinéastes de ne pas faire : filmer le scénario. Littéralement, ici, le voici, sur la table de travail, dans toute sa matérialité, document de travail qui donne à rêver. Il est question d’un livre, Faux Passeports de Charles Plisnier, dont le titre seul est évocateur d’une époque révolue de postiches et de ratures à l’encre ; il est question de revenir aux origines du cinéma (caméra 35, noir et blanc, actrices) mais bien sûr, on n’en est plus là. Alors on retrouvera dans ce film-a